Cyrille Atitung : « L’avoir au coeur des débats »

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Préface

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Le livre de Cyrille Atitung sous le titre : L’avoir au cœur des débats, nous offre une réflexion sur un thème on ne peut plus actuel sur l’impact et l’avenir de la mission évangélisatrice de l’Église en Afrique subsaharienne en abordant la question des finances chez les consacrés en Afrique en général et en République Démocratique du Congo en particulier. L’auteur présente par là un problème qui engage la vitalité pastorale et missionnaire des jeunes Églises africaines.

Le lecteur découvrira dans ce livre une étude menée avec clarté et références pratiques sur un thème par trop négligé, celui du rôle des finances dans les Églises locales. La thèse qui sous-tend toute l’analyse est celle de l’autonomie d’une Eglise locale, à laquelle participe une autarcie financière. 

Je suis en accord total avec l’auteur quand il avance la thèse selon laquelle l’autonomie matérielle et financière d’une Église locale ou d’une congrégation religieuse devrait servir à promouvoir les œuvres pastorales au service desquelles l’Église se voue pour «la gloire de Dieu et le salut des hommes ».  Une recherche personnelle de l’avoir matériel de la part des préposés à ce ministère pose dès lors problème. D’un côté cet avoir personnel peut devenir une obsession conduisant parfois au pillage et au détournement des biens communs. Mais surtout et avant tout, la sobriété évangélique liée au modèle christique ne semble plus être le moteur de l’engagement du ou de la consacré(e). De l’autre côté, Il est vrai, comme le souligne l’auteur, que la précarité matérielle généralisée en Afrique et au

Congo n’est pas sans incidence sur un tel comportement dans un environnement où s’enrichir personnellement et aider les « siens » devient une priorité pour tous et chacun. Cependant, argumenter de cette manière est un danger pour l’avenir des pays africains pour lesquels le sens du bien commun, après plus de cinquante ans d’indépendance, tarde à devenir le leitmotiv de l’action publique. Tout se passe comme si chacun s’engage, pas seulement mais spécialement en politique, pour des fins personnelles.

Cette mentalité ne s’arrête pas devant les portes des Églises. C’est ici que se pose la question de savoir si l’Église ne peut que nager dans l’eau qu’impose le « contexte » africain actuel. Si tel est le cas on est en droit de se demander en quoi réside l’impact sociétal du message chrétien que les Églises proposent.  Si tout le monde fait comme tout le monde, quel est le mérite des préposé(es) à un ministère particulier dans les Églises ? Pour le dire en termes clairs : les Églises doivent-elles être à la traine ou assumer le rôle de wagon du train et montrer ainsi le chemin à suivre à la suite de Jésus, le Christ ? 

Si ceci vaut pour tous les membres des Églises locales, le problème se pose avec une acuité spéciale Préface            9 pour les responsables de ces communautés. C’est ici qu’il convient d’aborder la question des critères d’admission au séminaire et au noviciat et plus tard du suivi au sein du clergé diocésain et de manière durable dans une congrégation afin d’éliminer les motivations douteuses, de conduire à une vie simple et de former durablement la conscience des candidats au renoncement.

Et l’auteur d’exposer l’épineux problème des critères, de discernement pour un choix judicieux. C’est ici qu’on peut attendre de l’auteur un prolongement de ses réflexions. Il s’agirait ici de cerner le profil du (de la) préposé (e) à la vie consacrée capable de relever en s’inspirant de l’Évangile le défi posé par les conditions de vie précaires de l’Afrique subsaharienne dont fait partie la République Démocratique du Congo.

 

Claude Ozankom

Le 1er novembre 2017, solennité de tous les Saints 

 

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